jeudi 4 novembre 2010

'When the rain comes down again.'

Voilà, elle est arrivée -enfin ? ce serait être hypocrite-. La pluie, cette pluie 'cliché', cette marque de fabrique à l'irlandaise, qu'on m'avait promise, que l'on avait raillée, qui s'était tant fait attendre depuis que je me suis installée ici. Bien sûr, j'avais goûté à la saveur toute particulière des averses locales, intenses et souvent sans interruptions tout au long de la journée, début septembre, pendant notre 'Northern Irish trip' avec Cyrielle. Mais la pluie s'était faite rare, presque précieuse depuis. Ce n'est dorénavant absolument plus le cas. L'automne est bien arrivé à Belfast, et depuis vendredi, un épais et uniforme ciel grisâtre n'a de cesse de faire de Belfast une immense scène de déluge. Il faut alterner les jeans, trouver une place pour les faire sécher, ne pas oublier les parapluies, faire attention de ne pas glisser sur l'épaisse couche de feuilles mortes qui jonche les trottoirs, éviter les flaques, devenir experte dans l'art de ne pas se faire entièrement éclabousser par la première voiture qui passe. Se faire à la pluie est tout un art.



Presque trois semaines que je n'ai rien écrit ici. De la difficulté de savoir quoi écrire de cette vie de tous les jours, de ce quotidien qui s'est peu à peu installé.
Nous embarquons la semaine prochaine, avec Amie, Axel & Andrew, pour quelques jours à Barcelona, où Marie aussi nous rejoindra, faisant une petite infidélité à Porto.
Une semaine plus tard, ce sera direction Edinburgh, pour retrouver Maxence & Clément, qui y font leur stage au Parlement écossais.


Dimanche dernier, et toute la semaine qui précédait.. Halloween !
En bonnes étudiantes 'fauchées et pressées' que nous sommes, nous avons décidé avec Amie de devenir le temps d'une soirée de magnifiques représentations métaphoriques d'un pot de beurre de cacahuètes, et de confiture, à coup de pull Primark et de 'masking tape'. Et de former ainsi à nous deux l'un des plus fameux couples de la gastronomie -oui, oui, j'ai bien dit gastronomie !- américaine, j'ai nommé : le 'PB&J'. Un sandwich réunissant ces deux ingrédients, qui peut donc au premier abord paraître effrayant pour toute personne normale (i.e. européenne !) -ce qui après tout s'avère plutôt judicieux pour un déguisement d'Halloween-, mais se trouve en fait délicieux -bien que l'apport calorique reste lui absolument terrifiant-.
Et Kasey de nous faire un remake de 'Raja' dans Aladin, dans un costume en polaire tout à fait adapté pour cette fin d'octobre.



Mardi soir, retour en session après une relative longue absence. M'a fait réaliser qu'il ne fallait plus maintenant que j'attende si longtemps avant d'y retourner.
Comme tous les mercredi, répétition d'orchestre hebdomadaire, qui s'avère être une pause plus qu'agréable et stimulante pour la violoniste classique que je n'étais plus depuis deux ans. Orchestre qui m'a obligée à me rendre à l'évidence -si je ne l'avais pas déjà fait grâce aux sessions-, que cet atroce cliché, 'la musique est un langage universel', est finalement incroyablement vrai. Le chef a beau avoir un accent à couper au couteau -et un humour à faire pâlir d'envie Berthelot-, je n'ai pas plus de difficultés à suivre que mes chers camarades locaux. Et bientôt, slurred notes, quavers & semiquavers, minims, mute, rests, strings, brass, winds, bows, up and down, A, B, C, D, E, F, G, sharp, flat, beats & upbeats n'auront à coup sûr plus aucun secret pour moi.


Autre aventure : il va falloir que je me décide sérieusement à tenter l'expérience 'salon de coiffure local', mes cheveux se transformant peu à peu en un véritable désastre ambulant. Mais je crois bien que le courage me manque encore. Par peur que mes explications ne soient pas suffisamment claires, ou tout du moins pas complètement bien reçues par la partie adverse. Je crois que je vais finalement m'en remettre à la solution 'apporter une photo de moi-après passage chez la coiffeuse en France'. J'aimerais éviter de ne plus ressembler à rien dans les 15 jours qui suivent mon rendez-vous, tant qu'à faire. Mais je suis un peu rassurée, à en croire un précédent article de mon compatriote science-politain Thibaut, à Beijing, cette peur du coiffeur est internationale.

La suite au prochain épisode.
(Excusez le 'mess' de cet article. Promis, la prochaine fois, je me remet au plan en deux parties-deux sous-parties. Et je parle de West Belfast.)

mercredi 13 octobre 2010

So 'cliché'.

Cet exercice, qui m'avait toujours paru un peu vain et artificiel en cours, gagne tout de suite plus d'intérêt lorsqu'il se fait autour de la table de la cuisine du 2nd étage de Grant House, Malone Road, Belfast, après une bonne plâtrée de kässpätzle.
Let's talk about stereotypes.

Ainsi, les Américains semblent pour nous tous, Européens, 'lazy & stupid'. Bon point de départ.
Nuls en géographie aussi, et ils le reconnaissent -presque tous-. 'I'm pretty good at european geography.. except for all the countries north of Greece'. Bon point de départ, la Grèce étant l'un des pays les plus au sud de l'Europe. Les Américains sont donc nuls en géographie.
Nos amis d'outre-Rhin semblent eux être reconnus 'efficient & hard-working', et s'en font une petite fierté -bien qu'au final ils n'en rament pas beaucoup plus que nous ici -. Aussi de grands amateurs de bière, et personne n'a été en mesure de contredire cela.
J'ai ensuite appris avec bonheur que nous autres Français sommes réputés 'flaky', ce qui, si je vous restitue la définition exacte de 'The Urban Dictionnary Online', donne la chose suivante : 'An unreliable person. A procrastinator. A careless or lazy person. Dishonest and doesn't keep to their word. They'll tell you they're going to do one thing, and never do it. They'll tell you that they'll meet you somewhere, and show up an hour late or don't show up at all.' 
Cool. -bien que mon éternel caractère de retardataire, que je sais partagé par certains de mes compatriotes, n'irait pas complètement à l'encontre du dernier point..-
Je n'ai pas malheureusement pas pu démentir que nous aimions le vin, le fromage, et le pain..
Par contre, je m'interroge toujours sur ce que le professeur de français level one d'Andrew leur a annoncé comme étant -avec le cidre ! et vlan, dans les dents des Normands !- la spécialité de la Bretagne.. les funny ads ! Where the hell est-il allé chercher ça ? Aidez-moi si vous voyez quoique ce soit qui justifie cela.

 Bien avant ce tour du monde -le monde se résumant pour l'instant aux States, à l'Allemagne et à la France, je sais, c'est un peu réducteur, mais on fait avec ce qu'on a !- des clichéés, il y avait eu le tour en 'Black Cab' à travers West Belfast. Et entre les deux, il y a eu la préparation collective de ces fameuses kässpätzle.

Dans la lignée de nos international meals, après les pancakes à l'allemande de Stefan, les swedish meatballs de Kasey, Amie & Erik, les cheeseburgers d'Andrew, notre tartiflette à Guillaume, Emilie et moi, et avant à nouveau les incredible double choc cookies / Bailey's / ice cream - 'yummy yummy yummy, for my tummy tummy tummy !' - de Kasey & Amie, et puis mon premier dîner de Thanksgiving qui se prépare déjà dans les têtes de nos amis d'outre-Atlantique, avec dinde de taille US standard à l'appui, we hope..
Tout cela semble certes manquer du diététisme le plus élémentaire, je vous l'accorde - mais les infrastructures sportives ici vous font maigrir rien qu'en les regardant, tellement elles sont belles.. ce n'est pas suffisant ? okay, promis, j'irai toutes les semaines plusieurs fois à la swimming-pool - ; mais faire la cuisine tous ensemble presque tous les soirs, ça, ça ne manque pas de bonne humeur !

Faire la cuisine à huit, pour nourrir seize personnes, commencer à 5.30, finir trois heures après. Râper les différents Swiss Cheese -saisir 'emmental' & 'gruyère', mais ces damned d'Américains ne font pas la différence ! -, émincer les oignons, pleurer ; mélanger la farine, l'eau gazeuse et les oeufs - et croyez-moi, c'est digne d'une épreuve olympique de musculation - ; faire dorer les oignons, découper les pâtes au couteau, les faire cuire, et tout enfourner au four..
C'est sûr, les kässpätzle, c'est plus de sport que les pâtes au Knacki ! Mais c'est une épreuve facilement acceptable, au regard du résultat.

Pour le Black Cab Tour, je vais attendre de piquer les photos à Amie, et j'y consacrerai je pense un article entier. West Belfast mérite bien ça.



'Pour une capitale de province dans un pays sous-peuplé, Belfast est vraiment célèbre. Les 'Troubles' ont fait de Belfast une célébrité. Peu de gens qui n'habitent pas l'Irlande du Nord connaissent bien Belfast, en dehors de sa liste de morts et de blessés pour raisons politiques. Peu de gens savent combien Belfast est parfois belle - une ville basse qui s'étend au fond d'une vaste baie ceinte et bordée de montagnes. Peu de gens ont ouï dire du dynamisme et de la chaleur de cette ville. Peu imaginent la force émotionnelle nécessaire à une ville pour survivre aux traumatismes auxquels Belfast a survécu.'
(from The Dispossessed, Robert McLiam Wilson & Donovan Wylie, 1992)





Both pictures : Belfast Lough. Copyright Amie, after a great long way to the top of Cavehill Mountain, on a beautiful SUNNY -qui l'eut cru !- SUNday !
(un peu frustrée que mon appareil photo semble avoir définitivement décidé de rendre peu à peu l'âme..)

samedi 2 octobre 2010

'You have to leave the ground to learn to fly.'

Aujourd'hui, j'ai repris mon violon, j'ai ressorti de leur manteau imperméable mes partitions, et je me suis remise à jouer. Il y a bien eu cet aparté, en juin, pendant mon stage ; mais je n'ai tout de même pas vraiment joué de musique classique un tant soit peu sérieusement depuis plus de deux ans. C'est très long, deux ans, dans les doigts, dans la tête, dans les poignets et les coudes, dans les habitudes.
Dérouiller tout ça, prix à payer pour le Queen's University Symphony Orchestra.
Je suis tellement excited  à l'idée de faire partie à nouveau d'un orchestre. Les répétitions, la fatigue, l'appréhension, le plaisir de jouer débarrassée finalement de tout trac, les saluts, les applaudissements, les coulisses, les montagnes de boîtes d'instruments, la fierté.
Ma petite dose d'adrénaline à moi.
Et les partitions, posées sur le bord de la fenêtre comme un pupitre de fortune.

Bien sûr, il y a le fiddle. La musique irlandaise qui elle ne me quitte plus depuis plus de deux ans.
Et qui ici trouve un sens un peu différent. Il y a la Smithwicks, et l'anglais, l'accent de Belfast, un style différent, un répertoire nouveau, des musiciens à couper le souffle à tous les coins de pubs ; et il faut la gnaque pour sortir le violon, oser jouer, entamer une suite, ne pas trop se planter, mémoriser.


Session at Madden's, Tuesday night. Copyright : Kasey.

La musique va, je le sens, prendre une part très importante dans mon année ici à Belfast. Elle va me tenir constamment occupée, me donner des objectifs, me permettre de me relâcher, m'amener à de nouvelles rencontres.

Voilà, plutôt que de parler de ce qui m'a occupée cette dernière semaine, des gens géniaux que j'ai rencontrés, des cours qui ont commencé, du retour au St. George Market, des soirées entre étudiants étrangers qui ont continué ; crêpes-pancakes, sessions, 'depressed-girls'-nights', et autres échanges culinaires ; du Lavery's, du Madden's, de la victoire de l'Ulster Rugby contre Glasgow ; des longues marches à travers Belfast, de jour, de nuit, en long, en large et en travers.. Plutôt que de parler de tout ça, parce qu'après tout tout ça est très beau, mais aussi très 'ordinaire' - sans aucune connotation péjorative à ce mot, 'ordinaire'. Voir pour cela les mots juste après de Denis Podalydès dans Scènes de la vie d'acteur - ; oui, plutôt que de parler de tout cela, j'ai préféré parler de la musique à venir.

J'ai toujours écrit ces textes dans le désir, non d'affirmer quoi que ce soit, mais de décrire, dépeindre, raconter une vie ordinaire de comédien ordinaire. Je ne donne aucune connotation péjorative à ce mot, que je ne prends pas dans le sens de terne, moyen, médiocre, mais dans celui de coutumier, régulier, normal. La banalité en question m'est précieuse.

- je le sais bien, ces mots n'ont pas grand chose à voir avec Belfast, si ce n'est qu'ils me réconfortent dans l'idée que mon quotidien ici n'a pas à être particulièrement 'extra-ordinaire' pour m'être précieux. -


Cheerio amigos !


In the mood for : S. Barber & E. Meyer Violin Concertos (by Hilary Hahn)
                          'Goodnight' (by ZOX, in 'Line in the Sand')  - Thanks to Andrew ! -


Sometimes I stand between the sidewalk and the sky
And just stare into the clouds as they pass by
You have to leave the ground to learn to fly

vendredi 24 septembre 2010

Il faudrait maintenant marcher au hasard. En forme de programme.

Un peu plus d'une semaine maintenant que je me suis véritablement installée à Belfast. Il y a eu toutes les impressions de départ. Mais je suis venue ici pour frotter tous mes rêves d'Irlande, mes fantasmes, à la "réalité du terrain". Je suis venue ici pour "casser le mythe", ou plutôt tout au moins le nuancer.

[ Queen's Quarter, Freshers' Week. Le mauvais goût dépasse l'imaginable, la quantité de flyers, de papier, de publicité dont nous sommes inondés surpasse largement la quantité de tissu employée pour fabriquer les jupes sollicitées par la gente féminine locale.
On se croirait dans un Crit permanent. Les clichés ont la vie dure.
- Unfortunately, aucune preuves graphiques. Mon appareil photo semble avoir rendu l'âme. - ]



Il faudrait maintenant que je marche dans Belfast, que je me perde, que je ne sache pas trop où aller, que je parle, que j'écoute, que je m'imprègne et que je comprenne toutes les implications, les complications de cette ville qui est l'une des dernières au monde à voir certains de ses quartiers séparés par des murs.

Il faudrait que je parle des sirènes de police, incessantes ; des camions qui à toute heure du jour livrent aux pubs la bière qui nous est ensuite revendue à toute heure de la nuit pour quelques pounds ; de l'ambiance de ces pubs ; que je m'attarde plus sur cet accent qui fait le charme de l'endroit, et en même temps toute sa difficulté. Que je trouve LE pub où apprendre quelques tunes, que je compare les Fish'n'Chips de la ville pour trouver le meilleur, que je prenne un peu de hauteur pour voir Belfast différemment, que j'ingurgite les rues, leurs noms, leurs significations, leurs histoires.


Déjà, relire Eureka Street. Me rendre compte que je reconnais déjà un grand nombre de rues et de lieux dans lesquels déambulent Jake Jackson & Chuckie Lurgan. Lisburn Road, Fountain Street, Queen's Arcade, Sandy Row, Donegall Road, Bedford Street. Que j'ai déjà commandé une pinte dans les pubs qu'ils fréquentent. Botanic Inn & Lavery's. Ne me reste plus qu'à trouver 'Poetry Street'.

- Si vous ne devez lire qu'un roman sur Belfast, sur l'Irlande du Nord ou même sur l'Irlande, lisez celui-là.-




Eureka Street. Des briques, encore des briques, et des portes colorées.


CHEERIO !

jeudi 16 septembre 2010

Il est impossible de se perdre complètement à Belfast.






Aujourd'hui, rentrée au milieu des étudiants internationaux. Chinois, Français, Malaisiens, Allemands, Polonais, saupoudrez de quelques Indiens et d'un peu d'Américains qui ont autant de mal que nous autres non-natifs à capter toutes les subtilités de l'accent nord-irlandais.
L'instinct de survie semble vouloir que l'on se réunisse plus ou moins par petits troupeaux d'âge et de langue similaires, et je ne fais pas exception à la règle. Lunch entre Français, avec une dominante de Droit autour de la table, ça charrie arrêts du Code Civil, on se croirait presque à la maison.


Traversée longue et tumultueuse du tunnel administratif des inscriptions, log-ins informatiques, health registration, choix de modules & autres problèmes de 'clashes' dans l'emploi du temps. - ce qui est plutôt drôle lorsque l'on sait que je n'ai pour l'instant que 7 heures de cours par semaine -





A Queen's, les Schools of Humanities, dont la School of Politics & International Studies à laquelle je suis rattachée, sont de petites maisons de villes aux jolies portes peintes ; et dont on ne soupçonne pas de l'extérieur qu'elles renferment chacune un amphi et une multitude de petits bureaux et salles en enfilades, sur 4 ou 5 étages sans ascenseur. Va y'avoir du sport.



Sans originalité aucune, je suis vite tombée sous le charme de la belle Queen's University et de ses allures de Poudlard irlandais. Je crois que je suis surtout tombée amoureuse des briques, et de la verdure. Il y a des arbres, partout.

(Illustration, à suivre, pour cause de vieil appareil numérique à piles sans piles.)


Il y a aussi la pluie, omniprésente. Le cliché se vérifie. Pour l'instant, une pluie très fine, pas de celle qui vous trempe jusqu'aux os en quelques secondes ; plutôt celle dont l'on se rend compte après plusieurs minutes qu'elle est bien là.

Et puis il y a l'odeur de bouffe, partout, tout le temps. Fish & Chips, Chinese Take-Away, Kebab House, Cheap Lunch, Indian Restaurant, Beer & Meal for 5£.

Les chauffeurs de bus sympas qui se démènent pour que je ne me perde pas.

Les accents différents qui se mélangent. Les 'wee', les 'noïe', les 'shh'.


Qui est-ce ?

Ma photo
Si vous n'y voyez pas d'inconvénients, je répondrai à cette question un peu plus tard.